Test : DiRT Rally (version Early Access)

Amis pilotes virtuels, nous vivons actuellement une époque formidable. Avec notamment Assetto Corsa, Project Cars, iRacing, et dans une moindre mesure Forza Motorsports 5, nous disposons aujourd’hui d’un choix de simulations comme on en a rarement eu par le passé, avec de quoi satisfaire tous les profils, des plus acharnés aux simples passionnés voulant se faire plaisir. Et cet âge d’or n’est pas fini, un nouveau titre phare se profil déjà à l’horizon : DiRT Rally.

ATTENTION : ce test est basé sur une préversion du jeu (version 0.5) et ne reflète donc pas forcément la version finale

Il y a fort longtemps, Codemasters avait fait le bonheur des amateurs éclairés avec Colin McRae Rally, une série de jeux de rallye initialement plutôt orientée simulation, mais qui a petit à petit dérivée vers l’arcade, en donnant naissance à la série DiRT. Depuis, la catégorie rallye n’était plus très à la fête, la série des WRC étant franchement pas terrible. Pour la plupart des puristes, le dernier bon jeu de rallye est Richard Burns Rally, sorti il y a plus de dix ans et qui commence donc à accuser le poids des années.

Alors forcément, quand Codemasters a annoncé DiRT Rally en indiquant avoir écouté les doléances de la communauté et vouloir revenir aux fondamentaux, avec un jeu se situant exclusivement dans l’univers du rallye et retrouvant le caractère simulation des Colin McRae, en poussant même un peu plus loin le curseur dans cette direction, j’ai tout de suite été très intéressé. Et comme Codemasters a décidé de sortir une pré-version dès l’annonce via Steam Early Access, j’ai sauté dessus…

La suite a été moins réjouissante, puisque je me suis retrouvé avec un bug m’empêchant d’exécuter le jeu sur mon PC principal (bon, en optant pour l’EA, je savais que je m’exposais à ce genre de choses, mais forcément, ça fait râler un peu…), tandis qu’il ramait beaucoup trop pour être vraiment jouable sur mon portable. Comme ça m’avait donné envie de me remettre au rallye, je me suis rabattu sur WRC4, mais le plaisir n’y étais pas vraiment, à finir toutes les spéciales les doigts dans le nez 20s devant tout le monde…

Et voilà qu’il y a quelques jours est enfin arrivé LE patch qui m’a permis de tester DiRT Rally. Et je me suis pris une grosse claque, sans doute encore amplifiée par le fait d’avoir passé quelques heures sur WRC4 : c’est un peu comme passer de Buckler à Chimay, de très loin ça peut vaguement se ressembler, mais c’est pas du tout la même sensation 🙂

Un jeu déjà complet

Je vous la fait courte : même s’il n’est pas encore fini, DiRT Rally est déjà le meilleur jeu de rallye de ces dix dernières années, et il n’est pas loin de titiller Richard Burns Rally… Et en prime, il est déjà relativement complet : avec 48 spéciales réparties dans 4 pays (Grèce, Pays de Galles, France/Monaco, Allemagne), deux pistes de course de côte (Pikes Peak en version terre et en version asphalte) et 25 voitures dans 9 catégories (1960, 1970, 1980, Groupe B 4×4, Groupe P propulsion, Groupe A, F2 Kit Car, 2010 et courses de côtes), certains éditeurs ne se priveraient pas de déjà proposer ça comme un jeu fini, en ajoutant par la suite des DLC payants…

Et le contenu ne s’arrêtera pas là, puisque Codemasters à promis d’en rajouter progressivement jusqu’à la sortie du jeu, en faisant remonter également progressivement le prix de l’Early Access (lancé à  30€, il est passé à 33€ avec l’ajout de l’Allemagne) jusqu’à atteindre la version et le prix final (ceux qui ont acheté le jeu bénéficient bien entendu des mises à jour gratuitement, même si elles sont accompagnées d’une hausse de tarif). Outre des pistes supplémentaires pour les catégories déjà présentes dans le jeu, on devrait également avoir droit à des nouvelles catégories, puisque Codemasters a par exemple annoncé une licence officielle FIA pour le World Rallycross Championship (le rallycross est une discipline à mi-chemin entre le rallye et le circuit : des courses en peloton sur des circuits fermés, partiellement en dur, partiellement en terre).

DiRT Rally : les catégories de voitures
Les catégories de voitures
DiRT Rally : douze spéciales par pays
Les 12 spéciales grecques

Côté mode de jeu, on trouve pour l’instant un mode « événement » qui permet de créer son propre rallye (1 à 12 spéciales dans un même pays), jouable avec n’importe quel véhicule et n’importe quel niveau d’IA (tout est débloqué d’origine dans ce mode), un mode événement en ligne et un mode carrière, qui est le plus intéressant du jeu.

Côté gameplay, on a droit bien entendu aux principales caméras qu’on retrouve dans tous les jeux de voiture (avec une incitation à utiliser la vue cockpit, qui rapporte plus en mode carrière) et cinq aides à la conduite : la boîte de vitesse/embrayage automatique, le départ assisté (démarrage automatique au feu vert en maintenant l’accélérateur à fond), l’ABS, le contrôle de traction et le contrôle de stability. Chose inhabituelle, ces trois derniers points proposent chacun 6 niveaux d’aide. Notez également que le HUD (chronomètre, barre d’avancement, compteur de vitesse en vue externe, indications visuelles du copilote…) est considéré comme une aide à la conduite : le désactiver complètement vous donnera un petit bonus (1%) en mode carrière.

Enfin, le jeu gère la météo et les courses de nuit, mais la gestion n’est pas dynamique, la météo n’évolue pas au cours d’une course. Ce n’est toutefois pas très gênant, une spéciale dure rarement plus de 5 minutes, et il n’est donc pas choquant d’avoir la même météo et la même luminosité sur toute la durée.

Le mode carrière

Dans ce mode, vous débutez avec un petit pécule, qui vous permettra d’acheter une voiture des années 60 et de vous engager dans votre premier championnat (4 rallyes de 4 spéciales). Chaque rallye vous rapportera alors de l’argent et des points en fonction de votre classement. L’argent vous permettra d’acheter d’autres véhicules (et de payer les réparations de celui que vous aurez forcément endommagé en courant…), pour aller courir des championnats dans d’autres catégories, tandis que les points détermineront votre classement au championnat, et donc votre accession ou non à la catégorie supérieure (il faut être dans les trois premiers pour monter).

Vu comme ça, ça a l’air assez classique, mais c’est sans compter sur le niveau de difficulté du jeu, qui est franchement relevé. En effet, si dans WRC4 on prend l’habitude de gagner toutes les spéciales avec 20 secondes d’avance, dans DR il faut plutôt s’habituer à les terminer avec 20 secondes de retard, voir bien plus… Pour ma part, j’ai dû m’y prendre à deux fois pour gagner le championnat années 60, et en 32 spéciales je n’en ai gagné qu’une… À l’instant où j’écris ces lignes, deux mois et demi après le lancement de l’EA, les statistiques de Steam indiquent que seulement 26.6% des joueurs ont gagné une spéciale en championnat (dont seulement 6.6% en caméra embarqué), 31.9% ont été promu au niveau Clubman (donc ont fini un championnat dans le top 3) et 4.3% seulement ont gagné le championnat années 60. Ouch…

DiRT Rally : gestion de l'équipe

Outre les points et l’argent, il vous faudra aussi gérer votre équipe, composée d’un chef et de plusieurs ingénieurs (leur nombre augmente au fil de l’avancement), qu’il faudra rémunérer et qui auront un impact sur les performances de la voiture et sur le temps nécessaire aux réparations entre deux courses.

Une simulation déjà aboutie

Pour DiRT Rally, Codemasters a développé un nouveau moteur de jeu, basé sur l’EGO Engine des précédents titres Codemasters. Et le résultat est à la hauteur sur le plan de la physique.

Une fois lancé dans une spéciale, on a vite l’impression d’être constamment à la limite (ce qui rend le tout particulièrement jouissif !), tant chaque bosse de la piste influe sur le pilotage, obligeant sans cesse à corriger la trajectoire (volant vivement recommandé pour profiter pleinement de toutes ces bosses !).

Cette difficulté renforcée par la topographie des courses, toutes très vallonnées et la plupart du temps bordée d’un côté par un talus qui n’a qu’une envie : vous envoyer aussi vite que possible dans le ravin situé de l’autre côté de la piste… Dans ce contexte, les instructions du copilote sont plus importantes que jamais : le pilote est trop concentré sur le maintien de la voiture sur la piste pour pouvoir en plus prendre le temps de regarder où va la piste… Les instructions du copilote sont heureusement assez claire et précise, vous indiquant notamment quand il ne faut surtout pas couper ou quand une butte est suivie d’un virage en aveugle.

Et une fois que vous vous serrez habitué à votre première voiture, sur les graviers grecques et la boue galloise, tout sera à refaire quand vous découvrirez les joies de la neige et de la glace sur les pentes du col de Turini puis l’asphalte du rallye d’Allemagne. Et il faudra de nouveau tout réapprendre quand vous passerez à une autre machine, les différences entre les modèles étant parfois énormes. Pas question d’essayer de piloter une Lancia Stratos comme vous piloteriez une Mini Cooper, sous peine de se retrouver dans un ravin ou un arbre dès les premiers hectomètres de course.

Il y a par contre encore des progrès à faire du côté de la gestion des dégâts. La voiture me semble bien trop solide et surtout, les dégâts affectent assez peu les performances. Par exemple, même avec une roue crevé il reste possible de rouler relativement vite sans être trop déstabilisé. N’espérez par contre pas réparer tous les dégâts à chaque passage au parc technique en début de carrière, le coût en temps risque de souvent dépasser (et pas qu’un peu…) le délai de 30 minutes autorisé par le règlement tant que vous n’aurez pas une solide équipe à votre service.

DiRT Rally : les réglages
Les réglages ne sont pas le point fort de DiRT Rally

Les réglages de la voiture risquent aussi d’en laisser plus d’un sur leur faim, puisqu’assez peu de paramètres sont modifiables : répartition du freinage, blocage des différentiel, longueur de la boîte de vitesse, suspension, amortissement…

Une réalisation technique à la hauteur

Longtemps, les fans de jeux de course sur PC ont eu à faire des compromis entre réalisme et qualité technique : les simulations les plus poussées étaient souvent plutôt moches, alors que les jeux d’arcade étaient magnifique. Mais la tendance a changé avec les dernières sorties, et DiRT Rally ne déroge pas à la règle. La réalisation est en effet à la hauteur du gameplay, sur le plan graphique, mais aussi et surtout sur le plan sonore.

DiRT Rally : les cockpits parfaitement modélisé
La modélisation du cockpit est d’un niveau rarement atteint

Les cockpits sont particulièrement bien modélisés, avec une animation des mains et des pieds du pilote, des cadrans du tableau de bord, mais aussi du copilote avec son carnet de notes (Codemasters n’a toutefois pas poussé le vice jusqu’à lui faire tourner les pages). Dans cette vue, il faudra en outre composer avec l’encrassement du pare-brise au fil de la course et avec les fissures qui ne manqueront pas de s’y former après un passage de virage un peu trop optimiste…

DiRT Rally : passage dans l'eauDiRT Rally : passage dans l'eauDiRT Rally : passage dans l'eau

Toujours dans la vue cockpit, le passage à travers de grosses flaques d’eau a également bénéficié d’une réalisation soignée, qui rend ces obstacles particulièrement redoutables dans le feu de l’action : un mur d’eau s’abat sur le pare-brise, occultant complètement le champ de vision du pilote le temps que les essuies-glace se mettent en route et nettoient tout ça.

DiRT Rally : la vue poursuite

En vue poursuite, la voiture est plutôt bien modélisée également, et la caméra est suffisamment libre pour ne pas se retrouver scotché à la voiture avec l’impression qu’elle est fixe et que l’environnement tourne autour d’elle (bon en même temps, à part Gran Turismo 5, ça fait trèèèèès longtemps que je n’ai pas vu ça dans un jeu haut de gamme).

Il faudra par contre une bonne configuration pour profiter pleinement de tous ces détails graphiques. Sur ma machine, dotée d’un Core i5 3570K et d’une Radeon R9 270X, je dois baisser les détails à « Medium » pour pouvoir jouer à 60 fps en 2560×1440 avec AA 2x (toutes les captures de cet article ont par contre été réalisée avec toutes les options graphiques au maximum, sauf l' »Advanced Blending » qui provoque des bugs lorsque je l’active), mais il ne manque pas grand chose pour atteindre les 60 fps en « High », je parviens à 56 de moyenne (45 mini) sur le benchmark intégré au jeu (qui utilise régulièrement la vue poursuite, plus gourmande que la vue cockpit).

Enfin, il est impossible de parler de l’aspect technique de DiRT Rally sans évoquer la partie audio. Là encore, Codemasters a placé la barre très haut. Les bruits de moteur sont réalistes, quelque soit la vue choisie, la voix du copilote fait très vraie, avec des intonations variant d’un moment à l’autre, et tous les petits détails sont là : les crissements de pneus, variant d’une surface à l’autre, le bruit des gravillons qui cognent le bas de caisse… Le tout bénéficie d’une spatialisation plutôt réussie également, qui fera de votre kit 5.1 un véritable allié dans votre pilotage, la localisation des sons pouvant vous aider à mieux vous rendre compte de ce qu’il se passe.

Conclusion

Au final, DiRT Rally est une double bonne surprise. Une première, par son arrivée alors que pas grand monde ne s’y attendait, une seconde parce que, bien que non terminé, le jeu tient déjà ses promesses et est bien meilleur que tous les titres de sa catégorie sur la dernière décennie. Rien que ça.

Si vous aimez les jeux de rallye difficile et réaliste, sautez dessus sans attendre la version finale, vous ne le regretterez pas et vous bénéficierez d’un tarif agressif, tout en montrant en plus à Codemasters votre intérêt pour ce type de jeu, ce qui pourrait les inciter à persister dans cette voie à l’avenir.

Si vous préférez attendre la version finale, elle devrait arriver en fin d’année.

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