F1 2016 : un bon cru !

Comme chaque année depuis 2009, Codemasters a lancé il y a quelques semaines un nouveau millésime de son jeu sous licence du championnat de Formule 1 : F1 2016. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les années ne se ressemblent pas chez Codemasters…

Ce n’est d’ailleurs pas vraiment nouveau, l’éditeur nous a un peu habitué à alterner entre le meilleur et le pire sur cette licence, comme s’il n’arrivait pas à trouver le bon compromis entre un jeu de haut niveau et un jeu accessible à un plus large public. Après plusieurs éditions relativement moyenne, la cuvé 2016 est finalement une bonne surprise.

La principale raison de cette bonne surprise est le retour du mode carrière, qui avait été inexplicablement supprimé de l’édition 2015. Ce retour s’accompagne en outre d’une gestion de carrière beaucoup plus complète que dans les anciennes versions du jeu : c’est désormais à vous de faire le travail pour faire progresser la voiture ! Pour se faire, il faudra tirer parti des séances d’essais libres pour marquer un maximum de points de ressources, qui pourront ensuite être dépensés dans la R&D de la voiture, pour améliorer les éléments de votre choix. Si comme moi vous aviez l’habitude de zapper ces séances, pour passer directement aux qualifications, F1 2016 va être pour vous une petite révolution !

Il est possible d’obtenir très facilement les premiers points, pour lesquels ils suffit de prendre part aux essais libres et de réussir quelques objectifs simples (boucler un tour sans sortir de la piste, boucler trois tours chronométrés, activer le DRS au moins une fois, réaliser un tour en économisant du carburant ou les pneus, effectuer au moins dix tours dans la séance, etc…), mais les « gros » points nécessiteront de réaliser et réussir divers exercices, donnant du coup toute leur utilité à ces séances d’essais :

  • la reconnaissance du circuit, qui consiste à faire un tour du circuit en passant par une quinzaine de points marquant la trajectoire idéale. Le score dépendra de votre capacité à passer au plus près de ces points et à la vitesse optimale. Quelques points sont également attribuées en fonction de votre réactivité à l’activation du DRS.
    F1 2016 : reconnaissance du circuit
  • la gestion des pneus, qui consiste à réaliser quelques tours chronométrés en roulant en dessous d’un temps minimum tout en ne dépassant pas un certain niveau d’usure des pneus.
    F1 2016 : gestion des pneus
  • le sprint, qui consiste à tourner le plus vite possible sur trois tours avec les gommes les plus performantes.

Si le sprint et la reconnaissance du circuit sont des exercices relativement faciles, la gestion des pneus nécessitera par contre beaucoup plus de doigté, surtout en jouant à la manette : la méthode de jeu classique qui consiste à donner des petits coups dans le stick analogique pour corriger la trajectoire est particulièrement « gourmande » en pneus, surtout dans les virages rapides. Pour bien conduire en douceur et maximiser l’économie de gomme, mieux vaut donc opter pour un volant.

F1 2016 : Recherche et Développement

Si vous faites correctement votre « travail », votre voiture devrait pouvoir progresser plus vite que celles des autres écuries, et grimper petit à petit dans la hiérarchie. Mais la progression sera assez lente, les évolutions devenant vite très onéreuses. Et toutes ces évolutions influeront non seulement la hiérarchie sur la saison en cours, mais aussi sur les saisons suivantes de la carrière (qui peut en comporter 10 !). Les puristes crieront au scandale, mais ce petit détail permet de rendre le jeu bien plus immersif et offre de nouvelles possibilités : alors qu’avant une carrière se limitait à essayer de faire un transfert vers une meilleure écurie à chaque fin de saison, on peut désormais raisonner à plus long terme et tenter d’amener son écurie au sommet !

Côté pilotage, on retrouve ce à quoi nous avait habitué Codemasters dans la série F1, avec un pilotage qui va de très facile avec toutes les aides à relativement difficile en les désactivant toutes, même si on reste toujours un cran en dessous de la simulation pure et dure. Le pilotage reste globalement assez similaire à celui de F1 2015, ce qui tombe bien, puisque c’était l’une des qualités de ce millésime. Quelques ajustements ont tout de même été réalisés, notamment sur la gestion des conditions humides, qui me semblent désormais bien plus difficiles à appréhender correctement.

De nouveaux éléments sont également présents pour rendre l’expérience encore plus prenante. Ainsi, lors du choix de la stratégie de course, vous aurez désormais droit à une simulation de l’impact sur vos performances en course. Cette simulation semble toutefois être purement théorique, et ne pas tenir compte de votre capacité à plus ou moins bien gérer l’usure de vos pneus, donc en pratique, ce sera toujours votre expérience qui primera pour choisir la stratégie la mieux adaptée. L’immersion est également accentuée par un paddock virtuel, dans lequel différents personnages (manager, ingénieur…) viendront de temps en temps vous parler entre deux sessions de course. Certains apprécieront cette petite touche, mais pour ma part je ne suis pas fan de ces scènes qui prennent trop de temps par rapport au peu d’informations qu’elles apportent.

Côté course, on a désormais droit à quelques petits compléments sympa. Si vous le désirez, ce sera à vous de piloter pour le tour de formation, donc de gérer le chauffage de vos pneus et votre positionnement sur la grille de départ. Sur celle-ci, vous expérimenterez une nouvelle façon de gérer les départs, là encore, plus similaire à la réalité : il faut débrayer, enclencher la première puis essayer de maintenir le moteur au régime optimal et embrayer au bon moment pour griller vos adversaires au départ. Et si le départ se passe mal pour certains, peut-être pourrez vous profiter de la safety car, mais aussi de la virtual safety car. Si celle ci est activée, vous devrez respecter une certaine vitesse tout au long du tour, en ne dépassant jamais quelques secondes d’avance sur un temps de référence. Ceci peut paraitre facile à priori, mais ce n’est pas toujours le cas, car il faut tout de même réussir à coller au plus près de ce temps de référence (pas question de prendre 10s de retard pour avoir de la marge !), pour ne pas perdre du temps par rapport au pilote précédent lors du restart…

Enfin, les interactions avec le stand sont largement enrichies, puisqu’en plus des messages régulièrement envoyés par l’ingénieur de course vous allez pouvoir initier des communications, en choisissant parmi quelques dizaines de messages pré-enregistrés (pour demander l’écart avec un autre pilote, pour demander des infos sur la stratégie, etc…). Le stand pourra également parfois vous proposer un changement de stratégie en cours de course, mais attention, ces propositions manquent parfois de bon sens, en particulier sur des courses courtes (25% ou moins)… Non monsieur l’ingénieur, chausser un train de pneu neuf pour le dernier tour et alors qu’on est en tête de la course, ce n’est pas une bonne idée !

L’IA reste pour sa part un point largement perfectible, comme c’est hélas souvent le cas dans les jeux de course, à plus forte raison quand ils sont orientés simulation. Si globalement les comportements de l’IA sont plutôt correctes, il reste toujours un côté un peu kamikaze par moment, comme si l’IA ne tenait compte que de la position des autres pilotes IA, ignorant royalement le pilote humain. Un problème d’autant plus frustrant que l’IA des commissaires de course est très favorable à ses copines IA pilote, au point que la responsabilité de l’accrochage sera mise plus que de raison sur le dos du pilote humain. Et avec les nouveautés de l’opus 2016, être jugé responsable est pénalisant même lorsque la direction de course n’a pas donné de sanction sportive (drive-through, stop-and-go, pénalité de temps…) : une course terminée avec des avertissements ou des sanctions rapportera moins de points de ressources pour la R&D.

F1 2016

Pour finir, un petit point sur le graphismes. Comme F1 2015, F1 2016 utilise l’EGO Engine 3.0. Sans surprise, les graphismes sont donc relativement proches, et restent perfectibles. Les voitures sont plutôt soignées, mais les décors restent relativement peu détaillés, et Codemasters semble compter sur le motion blur pour faire passer la chose. En même temps, l’exigence du pilotage d’une Formule 1 fait qu’on n’a finalement que peu de temps pour admirer le paysage, donc ces lacunes ne sont pas dramatiques. Et en contrepartie, on bénéficie d’un rendu plutôt fluide. En désactivant quelques options, le jeu tournait à plus de 60 FPS de moyenne en 2560×1440 sur ma Radeon R9 270X, et il dépasse désormais les 60 FPS, toujours en 2560×1440 mais avec toutes les options au maximum, sur la GeForce GTX 1070 qui vient de lui succéder.

En conclusion, si vous êtes amateur de Formule 1 ou si vous aimez les jeux de course réalistes et exigeants, vous pouvez acheter F1 2016 les yeux fermés. Mais attention, il s’agit d’un jeu dans lequel il faudra investir beaucoup de temps : même en réduisant la durée des courses à 25% de la durée réelle (choix qui rendra forcément les stratégies de course moins intéressantes), il faudra compter une bonne quinzaine d’heures de jeu par saison. Après l’excellent DiRT Rally, ce quasi « reboot » de la série F1 est un signe qui ne trompe pas : Codemasters s’est décidé à écouter les écouteurs exigeants, quitte à faire un jeu un peu moins accessible (il reste cependant bien plus accessible que DiRT…). Il ne reste plus qu’à espérer un troisième titre dans la même veine, dans la série GRID 🙂

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