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Test : Pebble Time, la montre connectée autonome

Test : Pebble Time, la montre connectée autonome


Alors que les géants du smartphone et de la tablette peinent à percer sur le marché des montres connectées, une start up américaine a réalisé un beau succès sur ce secteur depuis trois ans avec la Pebble, une montre privilégiant l’autonomie, quitte à faire de gros compromis sur le reste…

Le manque d’autonomie est en effet le reproche le plus souvent fait aux montres connectées, dont la plupart ne peuvent pas être utilisées plus d’un jour ou deux sans être branchées. Avec son tout petit processeur et son écran e-ink noir et blanc, la Pebble a fait un carton sur Kickstarter, avant de se vendre à plus d’un million d’exemplaire. J’avais un peu suivi sa naissance à l’époque, mais n’avait pas été tenté, à cause de son design rébarbatif et de son écran noir et blanc…

Mais il y a quelques mois, Pebble a fait son retour sur Kickstarter avec la Pebble Time, faisant au passage un nouveau record de levé de fonds, et j’ai cette fois décidé de tenter l’expérience. Après quelques semaines, voici mon retour d’expérience.

Le matériel

Côté matériel, Pebble a repris ce qui a fait le succès de sa première montre : une configuration minimaliste permettant de garder une bonne autonomie dans un format relativement compact. Elle se contente du coup d’un petit SoC ST Micro à base d’ARM Cortex-M4 cadencé à seulement 180 MHz, d’un ridicule espace de stockage flash de 16 Mo et doit se contenter du Bluetooth comme seul moyen de communication sans-fil avec le reste du monde. L’écran est pour sa part non tactile et doit se contenter d’une définition de 168×144 en 64 couleurs, mais utilisant une technologie e-ink, très peu gourmande en énergie. Il est en outre plutôt petit, avec seulement 1.25″ de diagonale. Côté capteurs, on a droit à un micro, un capteur de luminosité (pour ajuster l’éclairage de l’écran), un accéléromètre, un gyroscope et une boussole. Un vibreur est également de la partie pour ressentir les notifications.

Pas plus grosse que certaines montres classiques… au contraire même !

Grâce à ces compromis, la Pebble Time est l’une des plus petites et plus légères montres connecté du marché (37mm de large, 40mm de haut, 9.5mm d’épaisseur et 42g sur la balance), tout en restant l’une des plus autonome, avec 7 jours d’autonomie promise, malgré une toute petite batterie d’à peine 150 mAh (contre 205 mAh pour l’Apple Watch et 300 à 400 mAh pour la plupart des montres Android Wear) et un écran qui est allumé en permanence (mais pas son rétroéclairage, qui ne s’allume que suite à un mouvement brusque du poignet ou à l’utilisation d’un des quatre boutons, cet éclairage n’étant pas nécessaire pour lire correctement l’écran quand la luminosité ambiante est suffisante).

Le connecteur et la fiche de recharge

La recharge s’effectue via une fiche pogo se fixant au dos de la montre grâce à un système magnétique. Ce connecteur pourra également servir à des accessoires pour communiquer avec la montre. Pebble fournit un câble USB pour le branchement.

Côté esthétique, Pebble a fait dans la sobriété, avec une un simple cadre gris légèrement arrondi autour de l’écran. Contrairement à sa grande sœur, la Pebble Time n’est pas moche, mais elle n’est pas vraiment belle non plus.

La qualité de fabrication a l’air plutôt bonne, même si le châssis en plastique donne un aspect un peu cheap (mais contribue à la légèreté). L’écran est protégé par une vitre Gorilla Glass, qui devrait normalement rester assez résistante aux rayures, mais on ne peut malheureusement pas en dire autant du cadre, le mien a déjà subi quelques outrages…

Le bracelet de base est réalisé en caoutchouc. Il est suffisamment souple pour être confortable, mais comme tout bracelet en caoutchouc il évacue mal la transpiration. Pebble a heureusement eu le bon goût d’utiliser une monture de bracelet standard 22mm, ce qui permet de facilement changer de bracelet, d’autant plus que le bracelet d’origine est équipé de fixations faciles à démonter. J’ai pour ma part rapidement opté pour un bracelet Nato, plus respirant et qui a l’avantage de pouvoir résister à la rupture d’une des fixations, mais qui complique par contre un peu la recharge, puisque la bande du bracelet couvre le connecteur.

Enfin, la Pebble Time est annoncée comme étant suffisamment étanche pour aller nager avec, ce que je peux vous confirmer, la mienne a déjà encaissé quelques heures de natation sans broncher.

Le logiciel

Compte tenu des choix effectués côté matériel, Pebble n’a pas trop eu le choix : c’est un OS maison qui est embarquée dans les montres de la marque, les OS « génériques » tels qu’Android Wear étant bien trop lourds.

Le menu des applications

L’OS de la Pebble repose sur deux « listes ». Tout d’abord, la liste des applications, accessible en appuyant le le bouton central. Chaque application est représentée par une « carte » s’affichant sur tout l’écran et présentant éventuellement une icône. Le choix de l’application à lancer se fait en faisant défiler la liste avec les boutons haut/bas puis en validant avec le bouton central. Simple et efficace, même si au début on est tenté de mettre le doigt sur l’écran, comme s’il était tactile. L’ordre des applications ne peut par contre pas être redéfini directement sur la montre, il faut passer par l’application mobile.

La timeline

L’autre liste, qui est la grande nouveauté de la Pebble Time en termes d’interface, est la liste chronologique de vos événements de calendrier. À partir de l’écran horloge, il suffit d’appuyer sur haut/bas pour naviguer dans la liste des événements passés/futurs, puis d’utiliser le bouton central pour visualiser les détails d’un événement. Là encore, c’est simple et efficace, difficile de faire mieux avec un écran non tactile et quelques boutons.

Deux applications peuvent également être définies pour un accès directe depuis l’écran horloge via un appui prolongé sur les boutons haut/bas.

Malgré les faibles capacités matérielles, l’interface est très fluide et réactive. La légèreté de Pebble OS se fait aussi particulièrement ressentir au démarrage de la montre, qui ne prend qu’une toute petite poignée de secondes.

En dehors de l’OS par contre, l’offre logicielle en standard est particulièrement limitée, puisque Pebble ne fournit que le strict minimum, avec huit applications préinstallées : Calendar, Weather, Settings, Music, Notifications, Alarms (via le vibreur, puisque la montre n’embarque pas de haut-parleur), Watchfaces (choix du cadran) et Sport (oui, tout est en anglais, Pebble OS n’est pour l’instant pas localisé). Les deux premières ne sont en outre accessibles que via la vue chronologique, tandis que musique et sport ne sont que des interfaces pour des applications tierces s’exécutant sur le téléphone (respectivement pour piloter la lecture de musique du smartphone depuis la montre et pour déporter sur la montre l’affichage d’une application de sport, comme Runtastic).

La liste des notifications
Notification de mail avec aperçu

L’application notifications permet de consulter la liste des notifications passées, mais aussi et surtout de faire vibrer la montre à l’arrivée d’une nouvelle notification sur le téléphone. Le contenu de la notification est alors affiché sur la montre, et quelques interactions de base sont alors disponibles : effacer la notification, ouvrir l’application correspondante sur le téléphone, répondre à un SMS, créer une tâche Google Inbox, etc… Ce sont en fait les actions disponibles normalement avec une montre Android Wear, la Pebble Time étant compatible avec Android Wear bien que basée sur un autre OS (n’espérez pas y installer des applications Android Wear par contre…). Pour éviter que la montre ne vibre trop souvent, il est bien entendu possible de bloquer les notifications en fonction de l’application dont elles proviennent.

Les actions sur une notification de mail

Pour toutes les autres fonctionnalités, il faudra vous reposer sur le catalogue d’applications tierces (heureusement très bien fourni), qui pourront être soit des applications autonomes, fonctionnant directement sur la montre (boussole, chronomètre, jeux…), soit des applications « compagnons » d’applications du téléphone.

Le cadran Enigma

L’installation d’applications tierce sur la montre passe par l’application Pebble Time à installer sur le smartphone lié à la montre (Android ou iOS). Cette application permet également d’installer des cadrans et d’effectuer différents réglages : ordre des applications, configuration des notifications (notamment pour activer/désactiver les notifications en fonction de l’application source, ou encore pour définir des textes par défaut pour répondre aux SMS et mails depuis la montre), configuration des applications Météo et Calendrier, configuration des cadrans (certains permettent par exemple de choisir la couleur, d’activer ou désactiver la trotteuse, etc…). C’est aussi via l’application mobile que vous pourrez procéder aux mises à jour de Pebble OS.

Configuration des applications
Choix du cadran
Catalogue des applications
Réglage des notifications

Verdict

Après deux mois d’utilisation, je suis pleinement satisfait de mon achat. Alors que j’avais essentiellement acheté la Pebble Time pour m’accompagner dans mes activités sportives, avec les applications Swim.com pour la natation et Runtastic pour la marche, je me suis assez rapidement mis à la porter au quotidien…

Sa petite taille et sa légèreté lui permettent en effet de rapidement se faire oublier, tout en rappelant sa présence quand il le faut, en vibrant à l’arrivée d’une notification. Non seulement cela évite de rater une notification du téléphone, surtout en environnement bruyant, mais en plus ça permet de rapidement effacer les moins pertinentes pour se concentrer sur les plus importantes. Difficile de s’en passer une fois qu’on y a goûté.

Tiny Bird : l’écran convient parfaitement au style rétro du jeu
Timer+, un chronomètre/compte à rebours
Compass

Côté applications, j’ai installé Swim.com, comme indiqué plus haut, qui permet de traquer une activité de natation (chronomètre, mesure du nombre de longueurs de bassin effectuées, mesure du nombre de mouvements par longueur), Timer+, un chronomètre avec compte à rebours, Compass, une boussole, qui semble marcher bien mieux que celle du smartphone, peut-être que le capteur est moins perturbé par l’électronique qui l’entoure, Tiny Bird, un clone de Flappy Bird, dont le style rétro convient parfaitement à l’écran 64 couleurs et enfin Endomondo pour la marche, à la place de Runtastic. Endomondo utilise en effet une application Pebble dédiée, qui permet de choisir quelle mesure afficher (par exemple le rythme cardiaque), alors que Runtastic utilise simplement l’interface Sport de base, qui ne permet que l’affichage du chronomètre, de la distance et de la vitesse.

La Pebble Time sur la réserve… seule l’heure fonctionne encore, sans éclairage

L’autonomie est également excellente, ma Pebble Time a tenu un peu plus de cinq jours et dix huit heures avant de passer en mode économie d’énergie (mode dans lequel elle n’affiche plus que l’heure), et sans avoir particulièrement cherché à la ménager (plusieurs heures d’activité sportive). Une autonomie d’autant plus confortable que la recharge est rapide, même sur un simple port USB d’ordinateur, il ne faut pas plus d’une trentaine de minutes pour charger la batterie à 90%.

Mon seul regret concerne finalement la fragilité du cadre entourant l’écran. Ce n’est peut-être pas gênant pour une montre « de ville », mais pour un usage sportif, il sera difficile de la maintenir bien longtemps en bon état… Si vous envisagez une utilisation active, la Pebble Time Steel est peut-être un meilleur choix.

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