Jeux en streaming : la prochaine bataille des géants du numérique ?

Si le jeu en streaming n’est pas vraiment nouveau (la beta du service GeForce Now de nVidia a été lancée il y a bientôt six ans et le PlayStation Now de Sony vient de fêter ses cinq ans), il semble désormais commencer à attirer les grands acteurs du numérique et pourrait donc bien devenir leur prochain terrain de bataille.

Ainsi, à l’occasion de la Game Developper Conference, Google a dévoilé les grandes lignes de Stadia, son futur service de jeux en streaming, pour lequel le géant de Mountain View semble voir très grand. Il faut dire qu’après être passé complètement à côté du marché des réseaux sociaux (Google+ fermera d’ailleurs ses portes dans quelques jours) et avoir raté l’explosion du streaming de films et séries, Google a intérêt à ne pas rater la prochaine vague s’il ne veut pas finir par être dépassé par de nouveaux acteurs.

Stadia promet donc une expérience de jeu digne des meilleurs PC d’aujourd’hui, grâce à des serveurs basés sur des puces conçues spécifiquement pour Google par AMD. Chaque joueur aura ainsi à sa disposition un CPU x86 à 2.7 GHz, un GPU développant 10.7 teraflops (soit un peu plus qu’une PS4 Pro et une Xbox One X réunies), et 16 Go de RAM ultra-rapide (484 Go/s), qui seront hébergés physiquement dans le datacenter Google le plus proche. Selon Google, cette configuration permettra de streamer des jeux en 4K à 60 images/seconde dans un premier temps, avant de passer plus tard à 8K et 120 images/seconde. Les jeux seront accessibles depuis n’importe quel ordinateur, smartphone ou tablette, à condition de disposer d’une connexion Internet rapide (25 Mbit/s pour du full HD, 30 pour du 4K). Google n’a par contre pas évoqué pour l’instant les tarifs et le catalogue de jeux, si ce n’est deux titres issus des franchises Doom et Assassin’s Creed. Il devrait être à priori relativement simple pour un éditeur d’adapter ses jeux à la plateforme Stadia, qui repose sur un système Linux et l’API Vulkan. Le service devrait être lancé avant la fin de l’année.

Point intéressant, les différents acteurs impliqués dans le streaming de jeux semblent opter pour des approches différentes, et il sera donc intéressant de voir qui aura fait le meilleur compromis, à même de satisfaire un maximum de joueurs.

Ainsi, si Google semble s’être orienté vers une solution haut de gamme, coûteuse en matériel et nécessitant une connexion Internet très performante, Microsoft, qui prépare un service de streaming de jeux Xbox One, semble s’orienter vers une solution plus accessible pour les petites connexions (à partir de 5 Mbit/s, comme le PS Now de Sony). Microsoft miserait aussi sur un partenariat avec Nintendo pour frapper un grand coup, en rendant les jeux Xbox One accessible sur la console Switch.

Le français Shadow, de son côté, a adopté une stratégie orientée infrastructure plutôt que plateforme : il fournit a ses abonnés un PC virtuel hebergé dans ses datacenters, et libre à l’utilisateur d’y installer les jeux qu’il souhaite. Une solution qui évite à Shadow d’avoir à négocier avec les éditeurs de jeux pour qu’ils amènent leurs titres sur sa plateforme, mais qui est par contre moins efficace sur le plan des performances, les jeux n’étant pas optimisés pour une utilisation en streaming.

Enfin, du côté de Valve, nous avons droit à une solution ne nécessitant aucun abonnement : plutôt que de faire tourner les jeux sur des serveurs, l’utilisateur fait tourner les jeux sur son propre PC connecté à Internet et les stream vers ses autres appareils. Initialement proposé uniquement au sein du réseau local, ce streaming est désormais possible aussi à distance vers les appareils Android, via la dernière beta de l’application Steam Link.

La solution de Steam sera sans doute la préférée des plus gros joueurs, qui continueront à privilégier autant que possible le jeu en local, et seront donc équipés d’un PC puissant, tandis que Microsoft et Google pourraient réussir à séduire des joueurs plus occasionnels, qui ne sont pas prêts à investir dans une bête de course, et sont donc actuellement souvent privés des derniers titres, trop gourmands pour leur configuration.

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