Gran Turismo 5 ou Forza Motorsports 3 ?

Maintenant que Polyphony Digital a abattu ses cartes, en lançant il y a quelques jours le très attendu Gran Turismo 5, premier véritable opus HD de la série phare de la PlayStation, il est temps de compter les points et de voir qui de Turn 10 ou Polyphony Digital a gagné la bataille de la génération actuelle. En effet, s’il est indéniable que sur Xbox, Forza premier du nom n’était pas vraiment à la hauteur de GT4 sur PS2, il en est tout autrement de Forza 3 sur Xbox 360 par rapport à GT5 sur PS3…

Commençons par le point le plus visible : les graphismes. À ce niveau là, Polyphony nous avait promis une claque. La puce graphique de la PS3 ne nous offre finalement qu’une caresse… Le jeu est globalement plutôt joli, et Polyphony a vraiment poussé sur certains détails (on voit par exemple quelques brins d’herbes dans les bas côtés, ou encore le pied du pilote qui actionne les pédales en karting), mais faute de puissance, les développeurs ont dû faire des concessions sur certains points, très visibles. Ainsi, on trouve des ombres extrêmement aliasées, tout comme les voitures lorsqu’elles passent à travers de la fumée. Fumée qui n’est par ailleurs pas représentée dans le rétroviseur. Les traces de pneus non plus. La modélisation des 800 voitures « Standard ». Ces dernières sembleraient parfois presque sorties de Gran Turismo 4 et simplement upscalées en HD. L’aliasing est de la partie, la forme manque de détails, le nom est peu lisible… Avantage Forza, peut-être un peu moins bon par rapport aux véhicules « Premium », mais nettement meilleur sur les autres, globalement plus cohérent, et avec des graphismes bien meilleurs au niveau de l’environnement.

Passons ensuite à la gestion des dégâts. Celle-ci faisait défauts aux précédents opus de la série, et était donc très attendue par de nombreux joueurs. Hélas, la modélisation des dégâts est décevante, pour ne pas dire déplorable ! D’abord, parce que les dégâts sont uniquement visuels, et n’affectent pas le comportement de la voiture (Polyphony promet un patch pour ce point…). Ensuite, parce que les dégâts ne sont visibles que sur les 20% de véhicules ayant eu droit à la modélisation « Premium »… Là encore, avantage Forza : la gestion des dégâts est complète, et les performances sont sensiblement affectés par les dégradations, jusqu’à rendre parfois la voiture absolument impossible à conduire.

Alors, Gran Turismo 5 se rattrape-t-il sur la physique des véhicules ? Que nenni ! Sur la piste, la physique de GT5 reste plutôt réussie, au niveau de celle de Forza 3. Hors piste par contre, c’est autre chose… Si aucun des deux jeux ne gère véritablement bien les réactions de la voiture lors des passages hors piste, ma préférence va toutefois à Forza 3 : dans ce dernier, la voiture ralenti exagérément lors des passages dans l’herbe, ce qui pénalise fortement le joueur à la moindre erreur. Dans GT5 par contre, il est trop souvent possible de couper très largement dans l’herbe sans le moindre ralentissement. Côté collisions, la physique est encore pire : on retrouve celle de Gran Turismo 4. En cas de choc, « BONG » (le son utilisé manque vraiment de réalisme, tout comme le bruit de certains moteurs…), et la voiture rebondit sur sa « victime », qu’il s’agisse d’un rail de sécurité ou d’un pilote IA…

L’IA, justement, parlons-en… Celle de Forza 3 avait été très bien accueillie par le critique : empruntant des trajectoires variées, pas toujours prévisibles, cette IA adoptait une conduite à la fois propre et agressive, n’hésitant pas à se faufiler dans la moindre porte ouverte, mais en évitant toujours la collision. Et inversement, elle ne claquait pas la porte au nez du joueur… Dans GT5 par contre, on retrouve encore une fois une IA qui semble sortie tout droit des années 90. Très scriptée, elle reste bien souvent collée à sa trajectoire. Elle ferme la porte, même quand l’adversaire est déjà largement engagé, et tant pis si ça frotte (vous me direz, pas grave, y a pas de dégâts…). Et quand elle est plus rapide que le joueur, à moins qu’il lui ouvre exagérément la porte, elle a bien plus de gens de lui taper le cul que de le dépasser proprement ! Avantage Forza 3.

Côté gameplay, c’est encore une fois GT4 qui est mis à contribution. On retrouve les mêmes vues, dont la vue pare-choc utilisée par défaut. Cette vue offre une sensation de vitesse tout juste acceptable, mais est bien dépourvue par rapport à une vraie vue cockpit, toujours beaucoup plus immersive. Mais alors, elle est où la vue cockpit promise dans GT5 ? Sur les véhicules « Premium » uniquement… Pour les autres, Polyphony n’a même pas fait l’effort de proposer un cockpit générique. En vue extérieur, les sensations de vitesse manquent cruellement et, comme dans les opus précédents, on a toujours cette très désagréable impression que c’est le décors qui tourne autour de la voiture, et non pas la voiture qui évolue dans ce décors. Avantage Forza 3.

Ajoutons à ça des menus moins ergonomiques que dans GT4, des chargements excessifs, même après avoir installé le jeu sur le disque dur de la console, l’absence d’un système de classement des voitures et la perte de certains éléments caractéristiques de la série (l’évolution du joueur ne se fait plus via les permis, même si ceux-ci sont toujours présents pour la forme, mais via un système de niveau, comme dans Forza 3) et Gran Turismo 5 est finalement bien décevant, après six ans de développement.

Finalement, que reste-t-il à Gran Turismo 5 face à son rival ? Une plus large diversité au niveau des circuits, un garage plus grand (même s’il aurait sans doute été préférable d’avoir 500 voitures « Premium » plutôt que 200 « Premium » et 800 « Standard ») et plus varié (Karting, Nascar, WRC…), un nom qui a lui seul lui assurera le succès et le support d’un grand nombre de volants, dont les prestigieux Logitech G25/G27 et Fanatec Porsche Wheel. Et c’est d’ailleurs là le plus gros défaut de Forza 3 : à cause d’une Xbox 360 beaucoup trop fermée aux accessoires, il n’existe à l’heure actuelle aucun volant haut de gamme compatible avec Forza 3, le seul a avoir existé, le Fanatec Porsche 911 Turbo S Wheel étant une série limitée (10 000 exemplaires) déjà épuisée.

Mais alors, Gran Turismo 5 est-il vraiment mauvais ? Non, quand même pas. C’est un jeu correct, et même bon sur certains points. Probablement le meilleur jeu de course sur PS3. Mais il n’est juste pas à la hauteur des attentes et de Forza 3, qui est son principal concurrent malgré le fait qu’il tourne sur une autre console. Gran Turismo 5 est en progrès par rapport à Gran Turismo 4, mais en face les progrès depuis Forza 1 ont été beaucoup plus important, ce qui permet aujourd’hui à Turn 10 de prendre l’avantage sur de nombreux points.

Et du coup, lequel choisir ? D’abord, il faut réfléchir au périphérique de jeu. Si vous comptez jouer à la manette, et n’avez pas encore de console (ou si vous avez déjà les deux), Forza 3 s’impose : il est meilleur et la manette Xbox 360 est mieux adaptée aux jeux de voitures. Si vous n’avez qu’une seule console, optez pour le jeu qui tourne sur la votre, les différences entre Forza 3 et GT5 ne justifiant pas vraiment l’achat d’une Xbox 360 en plus d’une PS3.

Si vous comptez jouer au volant, les choses se compliquent, vu la pauvreté de l’offre de volants Xbox 360. Fanatec a annoncé l’arrivée d’un nouveau volant compatible Xbox 360, qui représentera son nouveau haut de gamme. Il faut donc s’attendre à une note plutôt salée, probablement de l’ordre de 350-400€. Si vous êtes prêt à mettre cette somme dans un volant, Forza 3 est fait pour vous. Si vous tablez plutôt sur un volant entre 50 et 200€, Gran Turismo 5 fera l’affaire.

Voilà, c’est fini, on se retrouve dans quelques années pour le duel Gran Turismo 6 contre Forza Motorsports 5, en espérant que Polyphony aura appris des erreurs de GT5 !

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