Fin de Google Reader : de l’intérêt de l’open source

Il y a quelques jours, Google a annoncé l’abandon de Reader son service d’agrégation RSS, qui sera arrêté le 1er juillet prochain. Ce n’est pas la première fois que Google abandonne un service, et c’est même devenu une habitude ces derniers temps. Mais cette fois la nouvelle a été particulièrement retentissante, sans doute parce que de nombreux rédacteurs sur des sites d’informations utilisaient ce service, ce qui a entrainé la multiplication des articles proposant des alternatives…

Pour ma part, j’ai commencé à regarder les alternatives, avec les critères suivants :

  • accessible via le web, avec n’importe quel navigateur,
  • avec une fonction pour marquer les articles à lire plus tard,
  • interface légère (texte),
  • de préférence, avec une application Android, ou, au minimum, une interface adaptée au mobile.

Je me suis vite rendu compte que le choix était limité, en tout cas parmi les services connus, beaucoup n’étant pas accessible en mode web « pur » : exit Feedly (nécessite une extension de navigateur), The Old Reader (pas de marquage des articles à lire plus tard), Flipboard (mobile uniquement)… Restait le vétéran : Netvibes. J’ai commencé à le tester vite fait, j’y ai importé mes flux… Et puis j’ai eu une révélation. Si Google se permet d’arrêter comme ça son Reader presque sans préavis, qu’est ce qui me garanti que Dassault, propriétaire de Netvibes depuis quelques temps, ne va pas soudain arrêter la version grand public de son produit ? Est ce que après une « douloureuse » migration depuis Reader, je vais pas me retrouver dans six mois à devoir rechercher une autre solution et tout recommencer ?

Du coup, je suis reparti à la recherche d’une autre solution, avec cette fois un critère prioritaire : je veux une solution open source ! Quand on a un minimum de compétences techniques pour mettre les mains dans le cambouis, l’open source est en effet la meilleure garantie de pérennité, puisque même si les développeurs d’origine cessent de supporter le produit, d’autres prendront peut-être le relais, et on peut même éventuellement le faire évoluer soi même.

Après quelques recherches, j’ai trouvé une première solution : NewsBlur. Le service semble proposer toutes les fonctionnalités dont j’ai besoin, y compris une application mobile, le code est disponible sous licence libre MIT, le développeur héberge le service, ce qui évite d’avoir à monter son propre serveur… Mais le serveur est à genoux suite à l’annonce de l’abandon de Reader, qui a provoqué un gros afflux d’utilisateurs, et la version gratuite du service hébergé est très limitée (et complètement désactivée pour l’instant à cause de la surcharge), et je n’arrive pas à savoir comment se gère l’éventuel export des données pour les remonter sur son propre serveur en cas d’arrêt du service. J’ai donc commencé à regarder comme l’installer chez moi, et là, c’est le drame : l’application est clairement prévue pour un service ouvert au public, donc c’est une usine à gaz adaptée à des gros volumes, avec un backend en Python et l’utilisation de plusieurs bases de données (SQL et MongoDB). Pas insurmontable, mais monter ça sur mon serveur juste pour mon usage, c’est un peu lourd…

Hop, me revoilà en quête d’une autre solution. Et c’est au détour d’un forum que j’ai trouvé la perle que je cherchais : Tiny Tiny RSS. Sous licence GPL, il est développé en PHP, sans extensions exotiques (curl, json, mbstring… du classique) et repose sur une simple base de données PostgreSQL ou MySQL. Il est donc compatible avec la plupart des hébergements, mais il est toutefois préférable d’avoir un accès à la crontab du serveur, voir un accès SSH, pour pouvoir gérer correctement la mise à jour des flux (à défaut, ils ne seront mis à jour que quand l’interface web est utilisée, ce qui sera moins efficace).

Tiny Tiny RSS
Interface web de Tiny Tiny RSS

L’interface est sobre et efficace, avec trois panneaux : un vertical à gauche pour lister les sources, et deux horizontaux, en haut à droite pour la liste des articles, en bas à droite pour le contenu de l’article sélectionné. Je la trouve même un peu mieux que celle de Google Reader sur certains points 🙂

Niveau fonctionnalités, il y a tout ce dont j’ai besoin, et même plus 🙂 Par exemple, alors que Reader ne proposait qu’un seul marqueur pour les articles à lire plus tard, Tiny Tiny RSS propose trois marquages différents : remarquable, publié, archivé. Chaque groupe d’articles ainsi obtenus est exportable via un flux RSS. TTRSS reconnait aussi les tags des articles (quand la source les exporte dans son RSS) et permet de les consulter via un nuage de tags. Et là encore, TTRSS exporte pour chaque tag un flux RSS dédié.

Et pour les articles non tagués ? Eh bien vous pouvez ajouter vous même des tags, manuellement, ou automatiquement via un système de filtres, similaire à ce qu’on peut trouver dans un client mail.

TTRSS propose aussi un système de notation des billets, avec une notation automatique intelligente, manuelle, ou via des filtres. Et bien sûr, on retrouve l’export RSS filtrable sur les notes, par exemple pour exporter un flux des articles dont la note dépasse une certaine valeur (de -1000 à +1000, ce qui laisse de la marge pour un classement très fin).

Ça ne vous suffit toujours pas ? Ajoutons donc une interface web très personnalisable, tant sur le filtrage des éléments à afficher (avec notamment un intéressant mode « adaptatif », qui affiche uniquement les nouveaux éléments quand il y en a, tous les éléments s’il n’y a rien de neuf) que sur leur tri (date, titre, score…), un mode écran large qui bascule de la vue à trois panneaux gauche/droite haut/droite bas à une vue en trois colonnes, une interface web mobile, une API RSS et une API JSON, un système de résumé quotidien par mail, des solutions de notifications sous OS X, Linux, Firefox, Chrome, le support de plug-ins, l’authentification par mot de passe jetable…

Pour finir, notons l’existence d’une application mobile sous Android, plutôt réussie également, mais payante (1€52, elle les vaut largement).

Tiny Tiny RSS sous Android
Interface smartphone Android de Tiny Tiny RSS
Interface tablette Android de Tiny Tiny RSS
Interface tablette Android de Tiny Tiny RSS

Elle est elle aussi sous licence GPL, ce qui contribuera à sa pérennité, même si l’auteur décide de l’abandonner.

Voilà voilà, vous n’aurez désormais pas d’excuse si vous venez vous plaindre dans un an ou deux parce que l’agrégateur RSS propriétaire que vous avez adopté 🙂 Le libre c’est bon, mangez-en !

Un de ces jours je vous ferrais un petit tuto sur l’installation de TTRSS et la migration depuis Google Reader.

8 réflexions sur « Fin de Google Reader : de l’intérêt de l’open source »

  1. T’es déjà dessus, donc effectivement, autant pas s’embêter à migrer.

    Mais le jour où Netvibes lâche l’affaire, tu sauras quoi faire 🙂

  2. Je suis moyennement emballé par l’idée de devoir installer et maintenir un serveur « juste » pour lire des flux RSS…

    De plus, l’annonce est encore toute fraîche. Je suis sûr que plein de nouvelles solutions vont apparaître dans les prochaines semaines. Bref, selon moi, il est urgent d’attendre ! Mais merci de partager tes découvertes 🙂

  3. Y a pas forcément besoin d’un serveur dédié. Ce n’est pas supporté officiellement, mais ça peut aussi tourner sur un serveur mutualisé (genre page perso Free), la limitation étant alors que les mises à jour des flux ne sont pas récupérées en permanence en tâche de fond, mais uniquement quand on se connecte à l’interface web, ce qui limite un peu la réactivité du truc.

    Pour remédier à cette limitation, on peut aussi souscrire à un service de « web cron » (il y en a des gratuits), qui va régulièrement lancer la mise à jour des flux.

    Il peut aussi s’installer sur certains NAS, qui embarquent un serveur web avec support PHP et base MySQL.

    Après c’est clair que dans les prochains temps, on va voir pas mal de solutions alternatives, existantes (Netvibes, Old Reader, NewsBlur…) ou nouvelles (Digg a par exemple annoncé qu’il allait en lancer une). Mais leur pérennité sera d’autant plus sujette à caution qu’elles seront nouvelles : durant les trois mois que laisse Google pour migrer, pas sûr qu’une solution parvienne à vraiment sortir du lot, et donc, il y a un risque de miser sur une solution qui ne parviendra finalement pas à sortir du lot et finira par disparaitre…

  4. L’appli android est sous licence GPLv3, elle est disponible gratuitement sur l’excellent dépot f-droid

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