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Molotov.tv : une révolution en douceur…

Annoncé il y a quelques mois comme le service allant révolutionner la TV, voir même présenté comme le Netflix à la française, Molotov.tv a enfin ouvert ses portes aujourd’hui. De quoi tester et constater que la route est encore longue pour arriver à une véritable révolution…

Tout d’abord, première déception en se rendant sur le site Molotov.tv, pas moyen de s’inscrire sans télécharger l’application (disponible pour l’instant pour Windows, Mac, iOS et bientôt pour Android et certaines smart TV). Et pour cause, contrairement à des services comme Netflix ou myCANAL, Molotov.tv n’est pas accessible via un navigateur web. Dommage. Et d’autant plus inexplicable que l’application est en faite construite avec des technologies classiques du web : une interface en HTML5/CSS/JavaScript, rendue par le moteur de Chromium, avec des DRM gérés par le plug-in Widevine (filiale de Google), qui existe aussi dans Firefox et Chrome…

Une fois inscrit et connecté, on se retrouve avec une interface assez classique de service de VOD, avec des vignettes présentant des films, des séries, diverses émissions et un menu latérale permettant de filtrer par catégories et sous-catégories)… Mais il y a une petite subtilité, qui fait la spécificité de Molotov.tv : ces vignettes correspondent en fait pour la plupart à des contenus en cours de diffusion à la TV (à reprendre en direct ou à partir du début du programme). Fondamentalement, le service est en effet bien un service d’accès à la TV, plus qu’un service de VOD. Dans sa version gratuite, il donne accès 35 chaînes, principalement issues de la TNT (hors Canal+, dont même les contenus en clair ne sont pas disponible), auxquelles s’ajoutent 36 chaînes via l’abonnement Molotov Extended (10€/mois).

On retrouve ensuite cette spécificité quand on parcours le contenu d’une catégorie, puisque le service va mettre en avant de nombreux contenus… non disponibles pour le moment. En plus des contenus en cours de diffusion, Molotov.tv présente en effet les programmes à venir (sur plusieurs jours), comme un guide TV, en indiquant l’heure à laquelle ils seront disponibles. C’est original, mais aussi un peu frustrant, et le risque est que les utilisateurs alléchés finissent par aller se procureur leur film ou leur épisode de série « ailleurs » plutôt que d’attendre…

Il faudra donc se contenter du direct et des contenus disponibles en replay. Hélas, cette composante de l’offre est plus que limité pour l’instant, puisque seules quelques chaînes sont accessibles en replay (le groupe France Télévisions, LCP/Public Sénat, BFM TV, Gulli, L’équipe 21, Numéro 23, TV5 et quelques petites chaînes d’un intérêt limité…). Espérons que l’offre s’étendra petit à petit, mais c’est loin d’être gagné, certains groupes de télévision préférant verrouiller complètement leur replay pour forcer à utiliser leur plateforme.

Bref, pour l’instant, rien de bien nouveau ou original, Molotov.tv ne fait que apporter sur ordinateur et tablettes les fonctionnalités de base d’une box TV, mais avec beaucoup moins de contenu…

Heureusement, il y a tout de même une fonction originale, mais qui ne sera activée que plus tard, pour des raisons légales (attente du décret d’application de la loi Création du 29 juin 2016) : la fonction « Bookmark », qui permet d’utiliser Molotov.tv comme un magnétoscope numérique. Il suffira alors de marquer un programme à venir (le bouton est actuellement grisé pour les programmes du replay) pour qu’il soit « enregistré » dans le service. Une fois qu’il aura été diffusé, il pourra alors être visionné (y compris quand il n’est pas accessible dans le replay de la chaîne) à tout moment et conservé aussi longtemps que désiré. Cette fonctionnalité est toutefois limitée à 10h d’enregistrement avec un compte gratuit ou 100h pour 4€/mois. Contrairement à un enregistreur numérique classique, le service ne permettra pas de récupérer les enregistrements.

Dans Netflix, tout ce qui est mis en avant peut être regardé immédiatement…

Au final, Molotov.tv laisse un certain goût d’inachevé (des évolutions sont promises, espérons qu’elle gommeront certains défauts…), on a surtout l’impression d’avoir affaire à un guide TV amélioré (tri par catégorie, et non plus uniquement par chaîne et par jour), mais on retrouve le gros défaut de la TV, l’obligation de se conformer à un calendrier de diffusion. Dans ces conditions, pas sûr que le service parviennent à séduire un public qui se détourne de plus en plus de la TV traditionnelle à cause justement de ces contraintes de programmation… Netflix peut pour l’instant dormir sur ses deux oreilles !