Apple devra-t-elle « libérer » l’iPhone ?

Depuis qu’il est possible d’installer des applications tierces sur l’iPhone, Apple a jalousement conservé l’exclusivité de la distribution de ces applications. Sans jailbreak, il est en effet obligatoire de passer par l’App Store d’Apple pour installer des applications sur un appareil iOS. Une situation qui pourrait enfin changer, après près de dix ans.

Après quatre ans de procédure, la 9ème cour d’appel fédérale des États-Unis vient en effet de donner raison à un groupe de plaignants qui reprochaient à Apple de fausser la concurrence, et donc d’induire des prix plus élevés, en empêchant l’achat d’applications provenant d’autres sources. La justice californienne avait donné raison à Apple en première instance, mais les plaignants ont visiblement réussi à convaincre cette juridiction supérieure.

Même si j’avoue avoir un certain parti pris sur ce sujet, il me semble que la position d’Apple était effectivement difficile à défendre. Le principal argument des avocats de la pomme était que les prix des applications ne sont pas fixés par Apple, mais par les développeurs, qui sont donc en mesure de les fixer librement.

Mais cet argument occulte complètement un petit « détail » : Apple ponctionne une commission de 30% sur les ventes. Si cette commission peut être considéré comme « raisonnable » pour un éditeur ne disposant d’aucune infrastructure de distribution, il en est tout autrement pour un éditeur ayant déjà tout le nécessaire pour assurer la distribution (par exemple, un gros éditeur comme Microsoft), et qui pourrait donc se contenter d’un intermédiaire de paiement, plutôt que d’un intermédiaire de distribution. Dans ce cas, les commissions pourraient être beaucoup plus faibles, la plupart des intermédiaires de paiement facturant moins de 5% de commission, et parfois beaucoup moins, surtout pour les plus gros clients.

Il est donc indéniable qu’en empêchant de passer par un autre intermédiaire, la politique d’Apple lui permet d’empocher des sommes importantes, au détriment des consommateurs et des développeurs. On en a d’ailleurs eu un excellent exemple avec l’application Spotify : un abonnement souscrit via l’application (donc via Apple) est facturé 14€ par mois (oui, Apple prend la commission aussi sur les abonnements, bien qu’elle n’effectue dans ce cas aucune distribution), alors qu’il est facturé 10€ par mois sur le site de Spotify ou dans l’application Android (via PayPal).

Reste maintenant à voir comment Apple réagira face à cette décision. En l’état actuel des choses, cette décision autorise les clients à déposer plainte contre Apple et à réclamer un dédommagement, mais la justice n’a pour l’instant pas exigé qu’Apple ne modifie son système. Elle pourrait donc dans un premier temps préférer payer les dédommagements, en comptant sur le fait que les plaintes seront rares, plutôt que de laisser entrer un peu de concurrence sur sa plateforme.

Source : Mac4ever (cache : PNG, MAFF)

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