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Depuis des années, les sociétés d'édition audiovisuelles se sont lancés dans une lutte sans merci contre le piratage. Plutôt que de remettre en question leur modèle économique pour s'adapter aux nouveaux modes de consommation apportés par Internet et pouvoir ainsi lutter à armes égales contre le piratage, nos chères majors préfèrent rester fidèles à elle même et faire du lobbying partout où c'est possible pour tenter de verrouiller au maximum le réseau mondial...

Après les pressions sur les constructeurs d'ordinateurs pour le bridage des fonctions d'enregistrement audio, après le flop de la vente de musique DRMisée, après les pression sur les politiques et sur les fournisseurs d'accès, voici venu l'ère du lobby Arts+Labs. Les majors sont partis d'un constat simple (pour ne pas dire simpliste...) : plutôt que de chercher à proposer des offres plus attractives, pourquoi n'agirions pas directement sur le cœur du réseau pour que ce dernier favorise tout seul nos offres ? Ca fait peur, non ? Et pourtant, c'est exactement ce qui se prépare avec ce lobby, qui réunit les majors (Viacom, NBC, Universal et la Ligue des Auteurs d'Amérique) et les fabricants d'équipements de cœur de réseau (Cisco et AT&T), le tout saupoudré bien entendu par une petite dose de Microsoft, qui n'est jamais bien loin quand il s'agit d'essayer de décider de ce qui est bon pour le consommateur sans lui demander son avis...

Sous couvert d'une lutte contre le spam, les virus et les attaques de hacker, ce lobby propose tout simplement de laisser les industriels décider de la façon dont sera répartie la bande passante des différents équipements réseau. Il leur sera ainsi possible de privilégier leurs propres sites par rapport aux sites concurrents où ne respectant pas les droits d'auteur, de brider les possibilités des artistes se produisant directement sur Internet sans passer par une major (ben oui, tant qu'à faire, faisons d'une pierre deux coups, éliminons aussi tous ces petits artistes qui n'apportent par leur obole à nos actionnaires...) et tout un tas d'autres joyeusetés, qui pourraient bien transformer le gros de notre Internet en un vaste supermarché virtuel entièrement contrôlé par les industriels... Que du bonheur, non ?

Et bien sûr, pour parvenir à ses fins, ce lobby mange à tous les râteliers en se dotant de deux directeurs : le premier est un membre haut placé du parti démocrate depuis un quart de siècle, tandis que le second est tout aussi bien placé, mais du côté républicain, puisqu'il n'est autre que le responsable de campagne de Deubeuliou et de McCain... Ben oui, à deux mois d'une élection présidentielle encore relativement imprévisible, ça serait ballot de parier sur le mauvais camp... Côté français, le petit Nicolas devrait profiter de l'aubaine pour mettre en place les filtrages dont il rêve depuis son élection (mais là aussi, c'est juste pour la bonne cause hein, c'est pas pour s'assurer que personne ne copie illégalement le dernier album de Carla...).

En temps qu'utilisateur d'Internet, on ne peut bien sûr que souhaiter qu'Arts+Labs ne parvienne pas à ses fins, en espérant que les majors comprennent enfin qu'ils sont de plus en plus à côté de la plaque dans un marché de la musique qui n'a plus rien à voir avec ce qu'il était il y a dix ans : l'offre est de plus en plus large, alors que le consommateur a de plus en plus d'autres postes de dépense, réduisant forcément son budget musique. L'avenir est donc sans doute plutôt aux offres de masse pour le grand public qui veut pouvoir disposer d'un large catalogue sans être freiné par le prix (1€, c'est cher pour un titre qu'on n'écoutera parfois qu'une fois), comme les offres illimitées que proposent quelques rares prestataires, tandis que le marché du CD se recentrera sur les passionnés, ceux qui ne se contenteront jamais d'un fichier MP3, qui ont besoin du toucher de la boîte, du graphisme de la pochette... Quand les majors auront compris celà, elle se réconcilieront sans doute avec l'internaute moyen, qui serait sans doute prêt à dépenser plus pour un abonnement illimité que ce qu'il dépense aujourd'hui pour des achats occasionnels. Espérons que quand ils les comprendront, il ne sera pas déjà trop tard...

Posté par Matt le 29/09/2008 à 23h58
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Source : Numerama

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